Que faut-il penser des cellules souches ?
Un important business se construit autour des cellules
souches. Des brevets sont en cours. Des compléments alimentaires coûteux faciliteraient la formation, « la sécrétion, la circulation, la migration de ces cellules jusqu’aux tissus et organes y compris la peau ». Que faut-il en penser aujourd’hui, en sachant que les informations actuelles sont susceptibles d’évoluer ?
Que sont et à quoi servent les cellules souches ? Ces compléments qui les stimuleraient sont-ils vraiment utiles ? Si la réponse est positive, sont-ils nécessaires chez les bien-portants pour qu’ils
ne tombent pas malades ? Et chez les patients atteints de cancer, en cours de traitement ou dans les années de surveillance, les cellules souches sont-elles vraiment utiles pour éviter la récidive
?
Les questions sont si nombreuses que nous les traiterons en deux articles. Ce premier explique les fondamentaux à connaître pour comprendre les cellules souches.
Dans le second, je traiterai de façon plus précise des espoirs thérapeutiques, c'est-à-dire de guérison, liés aux cellules souches, y compris ce que vous pouvez faire aujourd'hui, dans votre vie
quotidienne, pour mieux profiter du potentiel de régénération de ces cellules qui sont en vous.
Qu'est-ce qu'une cellule souche ?
Nous avons vu précédemment le feu d’artifice des
cellules de notre corps qui ont des durées de vie fort différentes. Les globules blancs vivent une semaine, les rouges 120 jours, les cellules de l’estomac une année comme celles du foie, celles de
l’intestin 2 à 5 jours, 2 à 3 mois pour la prostate, 10 ans pour les cellules des os… Cette symphonie cellulaire en permanente évolution peut nous amener à un siècle de vie, peut-être plus, avec ses
joies et ses misères de santé.
Remarquons au passage que nous ne sommes vraiment conscients de notre santé que lorsque nous tombons malade. Un ami me disait « j’ai compris à quoi servaient ma main droite et mes dix doigts seulement lorsque j’ai dû être plâtré
». On peut en dire autant de chacun de nos organes.
Quand chaque cellule a fini sa vie, elle entre en apoptose [1], comme nous y entrerons certainement
centenaire ou plus, si nos conditions et modes de vie sont ajustés à notre propre biologie.
Une cellule souche est une cellule originelle capable de se
multiplier, elle appartient à un organisme en
construction, animal, humain ou végétal qui devient multicellulaire. Elle est à l’origine indifférenciée (ne ressemble à aucune cellule particulière). Elle peut donc se différencier en cellules distinctes pour construire l’organisme dans lequel elle évolue et appartenir à tel ou tel tissu ou organe du vivant. Les chercheurs
parlent d’« échafaudages » qui maintiennent les cellules en place.
Au tout début de notre vie, quand le spermatozoïde de notre père a rejoint l’ovule de notre mère (dans le corps maternel ou dans une éprouvette), nous sommes la première cellule souche embryonnaire, apte à devenir progressivement un organisme tout entier qui s’échafaude jour après jour. Cela est vrai pour les plantes, pour les animaux, cela est vrai aussi heureusement pour l’homme.
Les cellules souches embryonnaires (CSE) et la croissance embryonnaire
L’œuf humain puis l’embryon est porteur de cellules
immatures capables de se transformer en n’importe quel tissu de l’organisme. On parle de cellules souches embryonnaires (CSE). C’est le petit corps embryonnaire qui en possède le plus. Elles sont
dites totipotentes, issues des premières divisions de l’ovule fécondé, devenu œuf humain.
Les cellules jusqu’au 8e jour de vie sont capables de s’orienter vers tous les types cellulaires de l’organisme, individu en construction selon ses besoins. Evidemment, de nombreuses molécules
fabriquées par l’embryon, en particulier hormones et facteurs de croissance, sont nécessaires à cette construction. La maman envoie par le cordon ombilical les matériaux nécessaires qui viennent de
son alimentation et ont traversé sa barrière intestinale. Par voie sanguine, ils traversent la plaque du placenta pour aider l’enfant à se construire, lequel – ne l’oublions pas – a un groupe sanguin
différent de celui de sa maman.
– Au fur et à mesure de la croissance, après le 8e
jour, les CSE perdent leur totipotence et
deviennent pluripotentes. Elles se transforment ensuite en cellules du sang, cellules nerveuses, cartilagineuses et osseuses, cardiaques, urinaires,
digestives, cutanées, musculaires… participant activement à la construction du fœtus et du futur bébé à naître.
Les effets délétères de certains traitements pris par la mère pendant la croissance embryonnaire nous ont indirectement beaucoup appris quant à la construction embryonnaire et fœtale. Par exemple, le
désastre de la Thalidomide [2]. Ce « médicament utilisé durant les années 1950 et 1960 comme
sédatif et antinauséeux, notamment chez les femmes enceintes » s’est
révélé être un médicament anti-angiogénique – donc antifacteur de croissance –, bloquant la construction de vaisseaux des membres. D’où les arrêts de construction d’un membre pendant la vie
intra-utérine. Ainsi sont nés des enfants sans membres ou avec des membres très courts. Un seul comprimé pris au début de la grossesse suffisait à causer des dommages irréversibles aux
embryons.
Il faut donc toujours être prudent avec les médicaments, surtout chez une femme enceinte aussi bien que chez un couple (père-mère) qui prépare une grossesse. Trop souvent, les médicaments n’ont pas
été correctement testés chez l’animal, d’abord au plus proche de l’homme, et encore plus avec les manipulations génétiques. C’est malheureusement trop souvent ce qui se passe avec les nouvelles
molécules qui sont testées de plus en plus chez le petit animal très éloigné de l’humain, et aussi chez l’humain avec trop souvent le feu vert des comités d’éthique.
– Le retour en
arrière des CSE devenues matures
Les chercheurs nous ont appris assez récemment que toute CSE en cours de transformation
en cellule mature est capable – dans des conditions très spéciales de laboratoire – de revenir en arrière en perdant sa différenciation pour redevenir une cellule souche. On induit cette
transformation. Il s’agit de iCSE (CSE induites).
Evidemment, utiliser de telles cellules pose aux scientifiques des problèmes éthiques majeurs, car pour les exploiter, on est obligé de détruire l’embryon humain qui possède tout le potentiel d’une
personne humaine. Que faire : accepter de détruire ou se le refuser par respect de la personne humaine dans ses débuts ?
Le doute a été instauré par les scientifiques eux-mêmes poussés par les politiques. En 1983, le premier président du Comité consultatif national d’éthique des sciences de la vie et de la santé, le Pr Jean Bernard (1907-2006) a été nommé par le président de la République. Le célèbre hématologue fit rapidement un distinguo
subtil et dangereux entre la personne potentielle, l’embryon, et la personne humaine née d’un corps féminin.
Ce distinguo fait que la personne potentielle [3] ne serait pas encore humaine. Pourtant si c’est un amas cellulaire, il ne faut pas oublier qu’il a tout le potentiel pour devenir un beau vieillard
centenaire. Est-il alors une personne, ou n’est-il personne ?
– Les scientifiques se disputent encore sur ce
sujet. Pourtant, l’homme de la rue trouve très vite la
solution. En effet , quelle différence y a-t-il entre la première cellule que nous avons tous été et toutes les étapes de notre vie, œuf humain 7 jours, embryon 2 mois, fœtus 4 mois de plus [4], puis
enfant viable dès le 6e mois de grossesse, et enfin l’enfant né qui se développe jusqu’au plus grand âge ?
Evidemment, si l’on considère que l’embryon n’est pas une personne humaine, on s’en sert comme objet d’expérience et cela peut durer toute la vie. C’est ce que certains ont en tête. Ils oublient les
expérimentations réalisées par les zélateurs du national-socialisme allemand
sur les juifs, les handicapés, les prisonniers… et aussi en Amérique sur des condamnés à
mort.
Ceux qui acceptent ce point de vue considèrent d’abord la dépendance de l’œuf ou embryon humain : il a besoin évidemment d’un corps maternel pour se développer. Cette dépendance qui dure le temps de
la grossesse et toute la petite enfance, on la retrouve différemment au grand âge.
Pour moi comme pour beaucoup de mes collègues qui n’osent pas trop s’exprimer sur ce sujet, l’être humain, quel que soit son âge et son état, ne peut être objet d’expérience ou de marchandisation.
N’oublions pas que nous sommes dépendants tout autant, mais de manière différente, les trois premiers jours de notre vie que les trois derniers.
– Les risques de
cancer après implantation de cellules souches embryonnaires
Les chercheurs nous apprennent aussi que ces cellules embryonnaires, redevenues souches,
implantées dans un organisme d’enfant ou d’adulte, ont un grand potentiel de cancérisation. Voilà le problème, pour l’instant non résolu, l’obstacle majeur.
Malgré les multiples réticences éthiques, de nombreux laboratoires dans le monde ne se sont pas gênés pour avancer dans ce sens chez l'humain – toujours en quête d’un prix Nobel ! Avec des moyens
importants, ils ont utilisé les CSE et n’ont obtenu aucun résultat probant en matière de santé publique, pas plus chez l’animal que chez l’homme.
Nous ne pouvons pas croire qu’il soit plus coûteux d’utiliser des CSE animales plutôt que celles d’origine humaine que certains veulent à tout prix récupérer d’embryons congelés dits « sans
projet parental » qui seraient gratuitement « donnés » à la science pour faire n’importe quoi ! L’homme n’est pas un animal même si ce dernier aura bientôt des droits !
La science a donc ses propres limites. Elles rejoignent l’éthique, c’est-à-dire le respect de la personne humaine avec laquelle on ne peut pas faire n’importe quoi.
Des cellules souches adultes (CSA) : des découvertes récentes
C’est en 1981 que l’on a découvert des cellules souches
dans un corps animal adulte, la souris, et en 1998 chez l’homme. Un corps adulte continuerait donc à fabriquer des cellules souches que les chercheurs sont parvenus à prélever, isoler et mettre en
culture. Les travaux des chercheurs ont été à l’origine de prix Nobel en cascade.
– Le prix Nobel de médecine 2007 pour la découverte des cellules souches
adultes
Chez l’animal, c’est en 1981 que Martin Evans, généticien Britannique, avec ses
collègues Oliver Smithies, généticien américain d’origine anglaise et Mario Renato Capecchi, généticien d’origine italienne, professeur de génétique humaine et biologie à l’Université de l’Utah,
découvrent les cellules souches dans des organismes adultes (CSA). Ils ont obtenu vingt-six ans plus tard le prix Nobel de médecine.
Chez l’homme, des cellules souches ont été découvertes en 1998 par l’Américain James Alexander Thomson et son équipe au Genome Center of Wisconsin à Madison.
Ce sont ces découvertes fondamentales qui ont permis d’imaginer la thérapie
cellulaire. Il s’agit d’utiliser le potentiel des nouvelles cellules
souches. Elles sont capables, dans un milieu de culture ou dans un tissu particulier, de prendre les caractéristiques de cellules environnantes, celles du tissu où elles s’implantent.
– Le prix Nobel de médecine de 2012 pour deux pionniers, à 45 ans d’intervalle, qui
transforment des cellules adultes en cellules souches
Le Britannique John Gurdon et le Japonais Shinya Yamanaka reçoivent le prix pour avoir
découvert que « les cellules adultes matures peuvent être reprogrammées pour devenir
pluripotentes », c’est-à-dire cellules
souches. Cela signifie qu’à partir de cellules déjà différenciées, ils peuvent faire retourner ces cellules à l’état de cellule
souches.
* John Gurdon, professeur de biologie cellulaire de l’université de
Cambridge, découvre en 1962 que les cellules adultes de
grenouille contiennent toutes les informations d’une cellule souche. Il remplace le noyau d’un ovule de grenouille par celui d’une cellule intestinale qui est donc bien différenciée. Il obtient un
têtard bien vivant démontrant que l’ADN de la cellule intestinale contient encore l’information nécessaire au développement de la grenouille. C’est la base du clonage des mammifères. Il est le
premier à élaborer le concept de reprogrammation cellulaire.
Notons au passage que la brebis Dolly [5] a été le premier mammifère cloné en 1996 à partir de cellules mammaires d’une brebis adulte, dont le noyau cellulaire a été transplanté dans l’ovule énucléé
d’une autre brebis. Pas évident à comprendre, mais… Dolly est née le 23 février 1997, puis a été victime d’un vieillissement prématuré. Euthanasiée en 2003, elle nous a appris que son patrimoine
génétique était déjà vieux de 6 ans à sa naissance. Prouesse scientifique certes, mais d’intérêt discutable. Au fond il n’y a pas grand intérêt à se faire cloner si l’on doit vieillir prématurément
!
Des cellules adultes spécialisées peuvent donc être reprogrammées en cellules souches pluripotentes puis transformées en laboratoire pour être réorientées vers un des 200 types de cellules du corps
humain.
*Shinya Yamanaka, ancien chirurgien orthopédique à Kyoto,
directeur du Center for iPS Cell Research and Application et Directeur de recherches de l’Institut for integrated cell-material Sciences (iCeMS), confirme en 2006 la découverte de Gurdon en reprogrammant des cellules matures de souris en cellules souches pluripotentes immatures (iPS induced pluripotent stem cells).
Shinya Yamanaka, en collaboration avec Thomson, a donc pu obliger des cellules à faire marche arrière et à redevenir des cellules souches pluripotentes. Yamanaka avait observé préalablement que
quelques gènes étaient impliqués dans ce processus. Encore fallait-il les activer comme il convenait. Les chercheurs ont alors testé différentes combinaisons. L’une d’entre elles, nécessitant
l’activation de quatre gènes, s’est révélée fructueuse.
Pour les spécialistes : « Ils obtiennent des cellules souches embryonnaires à partir de
cellules spéciales, les fibroblastes de la peau,
par transformation génétique en utilisant un cocktail de gènes (Oct4, SOX2, nanog et LIN28) impliqués dans le développement de l’embryon en utilisant des
vecteurs viraux (retrovirus ou lentivirus). »
Ainsi ces équipes de chercheurs ont donc reprogrammé des cellules différenciées de la
peau en cellules indifférenciées ou Cellules Souches Pluripotentes induites (CSPi ou
iCSP).
Vers la médecine régénérative avec les cellules souches induites (iPS)
En 2007, l’équipe de Yamanaka a reproduit ses expériences avec des cellules humaines
et en 2008, dans un article publié dans la prestigieuse revue Science,
il affirme que sa méthode de transformation génétique des cellules à l’aide d’un virus
bien choisi n’a pas pour conséquence l’apparition de cancer. Cette affirmation est opposée au risque de transformation cancéreuse des cellules souches embryonnaires (CSE) qui seraient utilisées en
pathologie humaine.
Il envisage alors l’usage en thérapeutique de sa découverte pour la régénération des tissus. Implantées dans le corps d’un patient, ces cellules iPS pourraient remplacer par exemple les cellules
malades du cœur, du pancréas diabétique qui ne fabriquent plus ou pas assez d’insuline. On parle de médecine régénérative, la médecine de
demain.
Ainsi peut-on rêver de remplacer un jour les organes défaillants par des nouveaux en pleine santé.
De nombreux obstacles doivent encore être franchis, car toute cellule mature ou différenciée ne devient pas pluripotente d’un coup de baguette magique. Les premières tentatives chez l’animal, ciblées
vers le foie et l’œil, sont encourageantes. Elles permettront d’éviter le recours aux cellules souches embryonnaires qui, c’est démontré, ont un potentiel cancérigène non négligeable.
La peau qui est l’organe humain le plus grand se renouvelle sans cesse grâce à de nombreuses cellules différentes, cornées, nerveuses (pour assurer les différentes sensibilités à la chaleur, la
piqûre…), mélaniques pour la pigmentation. Chez l’embryon, les cellules de la peau possèdent des CSN, cellules souches neurales qui ne sont pas
responsables du renouvellement de la peau, mais de son système nerveux à l’origine de la sensibilité. Malheureusement, ces CSN peuvent dégénérer suite à des mutations et se transformer en tumeurs
comme toutes les CSE.
La recherche est donc en pleine ébullition dans ce domaine. Nous verrons dans un prochain article ce que vous pouvez espérer concrètement des cellules souches, et même ce que vous pouvez faire
aujourd'hui pour renforcer votre santé.
Restons prudent cependant, car les cellules souches quelles qu’elles soient ne nous rendront pas éternels comme certains cherchent à nous le faire croire.
(suite...)
L’une des découvertes les plus passionnantes est que les organes
possèdent des cellules souches en réserve en cas d’agression qui leur permettent de se régénérer.
En fait, des cellules souches adultes (CSA) sont présentes dans chaque organe pour son renouvellement naturel, malgré le vieillissement.
Ainsi la moelle osseuse possède des cellules souches pour fabriquer des globules rouges, des globules blancs, des plaquettes ; le foie possède des cellules souches pour fabriquer des cellules
hépatiques et de même pour chaque organe selon la vitesse de renouvellement de ses propres cellules (voir notre lettre La vie des cellules de nos organes : un feu d’artifice de différences).
Ces cellules souches sont dites unipotentes car elles ne renouvellent que des cellules de l’organe dont elles sont issues (moelle osseuse, peau, foie, intestin, cerveau…) Il
s’agit d’autorégénération. Selon certains spécialistes, il n’est pas certain que tous les organes en possèdent. Le pancréas n’en possèderait pas, mais nous pensons le contraire car, après des crises
de pancréatite subaiguës, nous avons observé des restaurations ad integrum de la glande.
Soulignons que les cellules souches du nouveau-né comme celles du cordon ombilical sont considérées comme des cellules souches
adultes. D’une manière générale, ces cellules adultes se
renouvellent difficilement in vitro. Elles ont besoin de l’organisme vivant. Elles peuvent cependant être mises en réserve dans les banques de cordon [1].
En effet, le sang du cordon ombilical contient des cellules souches destinées à fabriquer les globules du sang. Ces cellules souches sont dites hématopoïetiques (CSH), proches de celles issues de
la moelle osseuse,et appartiennent à l’enfant né. Le sang du cordon contient aussi des cellules souches destinées aux différents tissus et organes du corps de l’enfant. On les appelle cellules
souches mésenchymateuses (CSM).
Les CSA les plus nombreuses sont surtout présentes dans les organes dont les cellules se renouvellent vite, donc la moelle osseuse (les globules blancs vivent 7 jours) et l’intestin grêle (les
entérocytes vivent 4 à 5 jours). Ce sont des molécules appartenant à l’organe ou au tissu qui a besoin de renouveler ses cellules qui favorisent la transformation en cellules matures. Il
est évidemment difficile de récupérer et conserver des cellules souches intestinales du fait du milieu non stérile où elles évoluent. Par contre, les cellules de la moelle osseuse conviennent
parfaitement. On peut les prélever assez facilement.
– Un exemple expérimental chez la souris qui fait rêver : la régénération pulmonaire à partir des
cellules souches pulmonaires humaines.
Des injections de cellules souches pulmonaires humaines prélevées sur des pièces opératoires, implantées dans une lésion pulmonaire créée chez la souris, permettent d’obtenir en une quinzaine de
jours des bronchioles, des alvéoles et des vaisseaux pulmonaires humains. Évidemment, les animaux reçoivent un traitement immunosuppresseur pour accepter les cellules humaines greffées.
Le plus important est de savoir que le tabagisme réduit le nombre de cellules souches périphériques au niveau pulmonaire, et ailleurs réduit la capacité des cellules souches à se différencier en
tissus fonctionnels [2]. À l’inverse, les antioxydants présents dans le thé vert et la vitamine D les augmentent. On sait qu’une cellule pulmonaire normale se divise 30 à 50 fois avant
son apoptose. Trente divisions peuvent générer jusqu’à 1 milliard de nouvelles cellules. À l’inverse, avec le tabagisme, le stress et autres phénomènes d’oxydation on peut parler
de sénescence réplicative. Les cellules souches vont rester au repos.
In vitro, des cellules souches exposées à 5 % d’extrait de fumée de tabac diminuent de 50 % la multiplication cellulaire, et l’exposition à 10 % stoppe la multiplication. L’effet serait en partie
réversible. On observe les mêmes résultats avec toutes les toxicomanies, alcools forts en excès, cannabis et cocaïne...
La particularité des cellules souches de la moelle osseuse (CSMO)
La moelle osseuse est certainement la zone du corps qui fabrique le
plus de cellules souches, destinées en permanence à maintenir le stock des globules du sang : rouges, blancs et plaquettes. On estime que la moelle osseuse fabrique une cellule souche pour
10 000 cellules. Le stock de cellules souches de moelle osseuse est évalué à près de 150 millions.
On considère qu’il y a 200 à 5000 cellules souches par millilitre de sang selon la technique de comptage. Elles circuleraient entre quelques minutes et quelques heures dans le sang – en
moyenne une heure – quand elles quittent la moelle osseuse pour rejoindre tel ou tel organe endommagé. Si elles ne le trouvent pas, elles reviendraient dans la moelle.
Chaque jour 10 milliards de cellules du sang sont produites par la moelle osseuse. C’est ce qu’on appelle l’hématopoïèse.
Dans le cas particulier de la moelle osseuse, les cellules se divisent de manière asymétrique, ce qui signifie que chaque cellule souche produit une cellule souche (pour maintenir le stock) et une
cellule qui va évoluer vers un globule du sang.
On distingue deux moelles osseuses de couleur différente, dans le système osseux. Les zones spongieuses des extrémités des os mais aussi le sternum, les os du bassin, les côtes, les vertèbres
et les os du crâne possèdent la moelle rouge active très vascularisée qui fabrique en permanence les futures cellules du sang. La moelle jaune traduit le vieillissement ; graisseuse, elle est
localisée dans la cavité des os longs (fémur, humérus en particulier).
Des études expérimentales récentes utilisant des cellules marquées avec la protéine fluorescente GFP [3] (Green Fluorescent Protein) issue de la méduse Aequora victoria ont montré que les CSMO étaient plus
pluripotentes qu’on ne le pensait, car elles sont capables de se porter sur des zones du corps en souffrance et de se transformer en cellules matures de l’organe où elles sont allées se
nicher.
On parle de potentiel de plasticité. Ainsi transplantées dans un milieu adéquat, les CSMO peuvent devenir des cellules intestinales, pulmonaires, musculaires, de la peau, des vaisseaux et même du
cerveau, donc des neurones.
On considère que plus on a de cellules souches, plus les réparations des organes lésés se font dans de meilleures conditions. On le vérifie en tant que chirurgien chez l’enfant ou le jeune adulte qui
cicatrise beaucoup plus vite que la personne âgée qui aurait la même plaie. L’inverse est observé chez les personnes du même âge, stressées ou dépendantes de telle ou telle addiction.
– Les cellules souches adultes induites sont obtenues artificiellement par manipulation génétique et pourraient se transformer en autant de types
cellulaires présents dans l’organisme (soit 200 types). Là serait l’avenir. Il reste à construire.
– Un exemple lumineux, la reconstruction d’une trachée
Une copie exacte de la trachée a été obtenue à partir d’un échafaudage plastique, fibreux et poreux, dans lequel ont été ensemencées des cellules souches prélevées dans la moelle osseuse du patient
atteint de cancer de la trachée. Après 36 heures dans un bioréacteur, l’implant a été posé remplaçant la trachée cancéreuse. Quinze mois après l’opération, la tumeur du patient n’a pas récidivé
et il respire normalement, les cellules souches du départ sont devenues des cellules trachéales. Formidable résultat !
En 2008, le spécialiste, le Professeur Paolo Macchiarini [4], a affirmé « après 2 ou 3 jours les cellules implantées dans le
bioréacteur disparaissent et en mourant naturellement (apoptose) elles libèrent des substances chimiques qui ordonnent au corps d’envoyer davantage de cellules souches de la moelle osseuse dans le
sang pour alimenter le site de la greffe et favoriser le processus de régénération. »
Les voies thérapeutiques proposées : comment stimuler la formation des cellules souches ?
La réparation des organes défaillants a fait d’énormes progrès. Les
possibilités chirurgicales de remplacer les organes par les transplantations nous ont fait progresser dans le vaste domaine de l’immunologie, des compatibilités donneur-receveur. Nous connaissons
bien les cellules qui nous protègent, celles de notre système immunitaire. L’orientation actuelle se fait vers les cellules réparatrices, en particulier les cellules souches. C’est
la médecine régénérative.
La question est de savoir si existent des molécules ou des compléments alimentaires capables de stimuler la formation de Cellules Souches de Moelle Osseuse (CSMO) quand l’organisme en a
besoin.
– Un organisme en pleine santé n’a pas besoin de compléments
alimentaires
Je ne suis pas favorable à la prescription de compléments alimentaires à un organisme qui n’est pas malade. Évidemment, la maladie n’est pas inscrite sur le visage des patients. Le test que j’utilise
le plus souvent chez les personnes fatiguées et stressées, sans pathologie organique, est le bilan bionutritionnel de nutergia, nommé IOMET, que vous pouvez demander à votre médecin [5].
Il fournit des indications précieuses à partir d’un questionnaire simple qui demande une vingtaine de minutes pour être soigneusement rempli. Un à trois mois de compléments de qualité (les plus
naturels possibles) associés à des conseils nutritionnels pour manger mieux et meilleur sont en général suffisants pour désangoisser, apaiser, réduire des troubles digestifs, aider à
dormir.
Il a été démontré que le tabagisme, le stress et les médicaments hypocholestérolémiants freinent la formation des CSMO et leurs rôles à la périphérie, en cas de besoin au niveau pulmonaire,
hépatique, osseux, cardiovasculaire.
À l’inverse, l’exercice physique, un sommeil réparateur, manger mieux et meilleur, cela veut dire augmenter la consommation des produits végétaux peu cuits et réduire celle de produits animaux [6],
en prenant le soin de longuement mastiquer afin de ne pas omettre la phase 1 de la digestion (phase buccale, mastication/salivation), et avec un verre de bon vin à la fin de chaque repas, de
l’huile d’olive dans toutes vos salades [7], auront un effet positif sur les CSMO et leurs rôles.
Les antioxydants circulants - anti-vieillissement, anti-cancer, anti-maladies dégénératives - proviennent de notre alimentation solide et liquide.
- Deux livres qui vantent les cellules souches adultes
Le livre auto-édité de Jacques Prunier, docteur en sciences sur le thème
« Cellules souches adultes - Alphanizomenon et synerstem » explique la récolte actuelle de cette algue sauvage AFA (Alphanizomenon Flos Aquae) issue de l’eau douce du plus grand lac d’Oregon, le
lac Klamath. Ce lac de 40km de long et 8 de large a une faible profondeur, 1m50. L’auteur explique :
« Les fortes turbulences des vents créent une forte pression à la surface peu profonde du lac. Elles créent une suspension d’une grande richesse nutritionnelle qui favorise le floraison des algues en abondance »
L’eau riche en minéraux est couleur émeraude et sa température est
inférieure à 2°C. Cette algue ne serait pas toxique comparée à des souches génétiquement différentes qui elles seraient toxiques.
Elle est présentée en poudre ou en gélules sous le nom d’AlphaOne et stimulerait les cellules souches (Synerj Health).
Le livre de Christian Drapeau, maître en Neurophysiologie sur le thème « Le pouvoir insoupçonné des cellules
souches » [8] rapporte (p.178) « un mélange de
bleuets, sorte de myrtilles (blueberries), de thé vert, de
catéchine, de carnosine (puissant antioxydant des viandes avec ses deux acides aminés unis en un dipeptide
bêta-alanine-histidine à fortes concentrations dans les tissus musculaires et le cerveau), et de vitamine D augmente in vitro de 70 % la
prolifération des cellules souches de la moelle osseuse.» L’auteur présente aussi
l’intérêt de l'algue ”AFA”. Un de ses sucres complexes stimulerait l’activité d’un type spécifique de lymphocyte utile à l’immunité, les NK ou Natural Killers. Le concentré d’AFA serait le premier
promoteur naturel de cellules souches, utile dans certaines pathologies (Stemtechbiz).
”Manger Mieux et Meilleur” reste le meilleur moyen pour stimuler les cellules souches de moelle osseuse en cas de besoin.
– Les « priorités biologiques de cicatrisation » des plaies et « les priorités de
consolidation » des fractures
Quand un sujet présente une plaie plus ou moins importante, la cicatrisation se met immédiatement en marche si la plaie est propre, non infectée. Le reste de l’organisme est solidaire. Les CSMO se
mobilisent ainsi que des facteurs de croissance pour assurer la cicatrisation complète. Quand les deux bords de la plaie se sont rejoints en profondeur d'abord puis en superficie, les cellules
arrêtent de se multiplier. La cicatrisation prend fin.
Le même phénomène est observé en cas de fracture. La zone de fracture va consolider grâce à la priorité biologique de
consolidation. Au niveau d’un fémur ou d’un tibia, les extrémités osseuses
se décalcifient au profit de la zone de fracture pour ressouder les 2 fragments osseux et constituer ce qu’on appelle le cal osseux. Par contre la jambe immobilisée dans un plâtre qui reçoit les
mêmes nutriments que l’autre jambe voit fondre ses muscles, car la priorité est à l’os. La rééducation musculaire à l’ablation du plâtre reconstituera la masse musculaire. Les cellules souches
présentes dans les muscles sont stimulées par l’activité du muscle lui-même.
– Les médicaments pour refaire ses globules après les traitements du
cancer
Malheureusement, les médicaments antimitotiques utilisés pour traiter le cancer ne tuent pas que les cellules cancéreuses. Tous les protocoles de chimiothérapies empêchent les cellules en cours de
renouvellement d’arriver à maturation, que ces cellules soient dans le sang ou à la racine des cheveux (d’où l’alopécie fréquente). Pour supporter les traitements qui se succèdent de mois en mois et
parfois toutes les deux semaines, l’organisme ne doit pas être trop affaibli.
L’oxygénation est obtenue par un taux suffisant de globules rouges transporteurs d’oxygène, et les défenses immunitaires minimales pour éviter une surinfection imposent un taux de globules blancs
supérieur à 1500 par mm3 de sang. Il est aussi important d’avoir un taux de plaquettes suffisant, plus de 100 000 par mm3 de sang pour éviter les troubles de la coagulation. Un
taux de plaquettes inférieur à 50 000/mm3 de sang peut se traduire par des hémorragies nasales, des hématomes au moindre petit coup.
L’anémie (pas assez de globules rouges), la leucopénie (pas assez de globules blancs) et l’hypoplaquettose (pas assez de plaquettes) sont donc des marqueurs précis qui empêchent de recevoir les
médicaments anticancéreux nécessaires pour lutter contre la maladie. Il faut attendre que l’organisme en stimulant les cellules souches reconstitue le minimum de cellules du sang, les globules
rouges, les blancs ou leucocytes et les plaquettes.
Prudence avec le business des cellules souches
Certains laboratoires ont vite compris tout ce que l’on peut obtenir en termes financiers avec
les cellules souches. Aujourd’hui, on reçoit chaque jour des propositions pour la santé, la sexualité, le bonheur… Restons prudent.
Je reçois des témoignages intéressants pour réduire divers problèmes de santé : le diabète, l’hypertension artérielle, les problèmes de mémoire, les dépressions immunitaires, les fibromyalgies, les
pathologies de la peau, les acouphènes et évidemment les maladies neuro-dégénératives.
Un essai thérapeutique européen utilisant les cellules souches auquel participe la France vient d’être lancé dans des cas de Sclérose en plaques (SEP).
Selon le Pr Thibault Moreau, neurologue au CHU de Dijon, président de la fondation Arsep (Aide à la recherche pour la
SEP), l’objectif est de démontrer l’éventuelle réparation de la myéline détruite
par la maladie. C’est en effet la myéline qui aide à la conduction du courant le long des fibres nerveuses.
Évidemment, tous les compléments proposés ne remplacent pas de meilleures habitudes alimentaires. Quand tout va bien, les cellules souches n’ont pas à être stimulées.
La question à laquelle il est encore impossible de répondre concerne les patients atteints de cancer. Les cellules souches ne
risquent-elles pas de stimuler les cellules cancéreuses actives ou dormantes ?
Le livre de Christian Drapeau, qui développe toute l’histoire et les capacités des cellules souches,
n’échappe pas à la critique. À la fin de l’ouvrage trop répétitif, il évoque l’extrait de la plante aquatique, l’Alphanizomenon flos-aquae (AFA).Elle fait partie des cyanophytes ou algues bleu-vert,
nommées cyanobactéries. Il affirme « qu’un gramme d’un extrait breveté d’AFA augmente de 25 % le nombre de CSA circulantes, ce qui équivaut
à 3 millions de cellules souches dans le sang. »
Évidemment, l’auteur canadien formé à l’université McGill de Montréal est cofondateur de la société Stemtech Health
Sciences qui distribue dans le monde entier « des
compléments alimentaires qui facilitent la sécrétion, la circulation et la migration des cellules souches jusqu’aux tissus et organes y compris la peau. »
La distribution des produits se fait à l’américaine, hors des milieux médicaux et paramédicaux, par
des distributeurs sélectionnés, partenaires indépendants qui travaillent à domicile selon le système Tupperware. Les produits, sous différentes
appellations, sont proposés tant pour les humains que pour le monde animal. Les documents marketing sont parfaitement présentés et il faut les croire sur parole.
Prudence donc ! Mettez d'abord votre argent dans une meilleure alimentation et le sport qui vous plaît plus que dans des compléments dont vous n’avez vraisemblablement pas besoin.
Au total, il est certain que les découvertes des cellules souches adultes et de leur rôle sont d’une grande importance, ouvrant la voie à la médecine régénérative.
Cela n’implique pas de consommer des produits spécifiques quand on est en bonne santé. Ces cellules souches adultes CSA et plus encore les iCSA (cellules souches adultes induites) permettent
d’imaginer des traitements dans le cadre des maladies encore graves touchant le système de défense de l’organisme quand il est défaillant, comme on le voit trop souvent dans les maladies de
civilisation. Des essais thérapeutiques sérieux s’imposent.
Professeur Henri Joyeux
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